40 pas vers Pâques : cheminez jour après jour avec les chrétiens d’Orient
Cité refuge, cité assiégée, cité martyre, cité lumière… Avec notre reporter Églantine Gabaix-Hialé, venez découvrir 40 cités qui ont accueilli les souffrances, les joies, les espérances des chrétiens d’Orient. Pour cheminer avec eux, à leurs côtés, jusqu’à Pâques.
Elle marche dans les ruines de Mossoul, après 3 ans de siège par Daesh. La ville est « libérée ». Sr Elishoua, petite sœur de Jésus, ne souhaite qu’une chose : revenir au plus vite s’installer ici avec sa communauté. Retrouver ses voisins musulmans. Retisser ce lien brisé. Vivre ensemble à nouveau.
©Aymeric Boncompagne
Tous les habitants ont dû la fuir, en une nuit, en août 2014. Depuis 2018, la cité se reconstruit peu à peu. Nombreux sont ceux qui ne sont pas revenus. En ce mois de mars 2021, ces rues si longtemps meurtries explosent de joie, de couleurs et de chants. Pour la première fois, un pape foule le sol irakien.
©Jean-Matthieu Gautier
Partout des bâches, des tentes de fortune, des caravanes. La ville, et surtout ses alentours, accueille ces vies en transit, échappées de l’enfer. Les regards sont hagards, cette cité n’est pas la leur, tout leur est étranger, ils ne parlent pas la même langue. Ils pensent n’y être que de passage, ils y resteront 3 ans, dans des camps, hors de la vue de la cité.
©EGH
La ville a résisté. Depuis des siècles, le monastère qui la surplombe a été la cible d’attaques, les habitants se sont organisés pour faire face. Alors, une fois de plus, face à Daesh, la cité fera front pour repousser l’ennemi. Mais à trop se protéger, elle s’enferme un peu plus. Seuls les cœurs ouverts laissent encore entrer l’étranger.
©EGH
Le toit de la cathédrale Saint-Élie s’est effondré. Comme le reste de la ville, où la plupart des bâtiments sont béants, ouverts à tous les vents. Malgré tout, quelques mois plus tard, la messe de Noël y sera célébrée pour la première fois après 4 ans de guerre. Il neige dans la cathédrale à chœur ouvert.
©Jean-Matthieu Gautier
Cité martyre, bombardée, assiégée, ravagée. Il ne reste rien de ce quartier où Hala a grandi. Architecte, elle se dédie depuis 4 ans à reconstruire, maison après maison, cette rue qui l’a vue naître. « Pour retrouver le bonheur d’avant et la belle ville que j’ai connue enfant. » Certaines villes ne vivent plus que dans l’esprit de ceux qui les rêvent.
©EGH
Sœur Jihanne a traversé la guerre en tenant son école à bout de bras, de forces. Jusqu’à ce qu’elle soit entièrement détruite. Alors, avec l’énergie qui lui restait, et le souvenir des enseignants et des élèves décédés sous les bombes, elle s’est battue pour la remettre debout et que les élèves reviennent. Sr Jihanne est à l’image de sa ville.
©EGH
Le monastère a été rasé par Daesh puis détruit par l’armée, comme le reste de la ville. Depuis quelques mois, Deir Mar Elian est en cours de restauration. Les habitants commencent à revenir. Et, dans ce décor de fin du monde, résonne toujours le rire du père Jacques.
©EGH
« Il faudrait des Mar Moussa dans toute la Syrie pour que les gens se réconcilient. Ici tout le monde est apaisé et accueilli » confie Nohad. La communauté est restée dans le monastère tout le temps de la guerre. Ici restent immuables la lumière, le silence et l’hospitalité, comme des phares dans le désert, comme une cité perdue et retrouvée.
©EGH
Partout des éclats, de vie, de vitres, de pleurs, de colère. Partout dans la ville, le désespoir a explosé. Mais de tout le pays, les jeunes sont arrivés pour nettoyer la ville, leur capitale, leur ville lumière, un peu folle, excessive, contradictoire. Ramasser un à un les débris, balayer des montagnes de gravats. Pour la rendre à nouveau habitable.
©EGH
Prendre la mer pour aller de l’autre côté, là où d’autres cités pourront accueillir leur envie de vivre, de travailler, de mener une vie digne. L’autre côté parait tellement accessible, si proche, si enviable. Même s’ils savent le péril de la traversée. Tout tenter plutôt que rester ici.
©Aygline de Clinchamps
La statue de la mère de Dieu surplombe le village, et tout le pays. Elle embrasse de son regard la Méditerranée et semble la protéger, elle, ceux qui s’y noient, ceux qui espèrent une vie meilleure en la traversant, les cités de départ et celles qu’on espère. Elle tend ses bras à tous.
©Jean-Matthieu Gautier
Tentaculaire, polluée, envoûtante, miséreuse, mystérieuse, éblouissante, de bidonvilles en palais, de pyramides en chiffonniers. Elle accueille continuellement les paysans du sud du pays qui ne parviennent à survivre. Et concentre toutes les fractures du pays. « Nous nous demandons tous ce qui s’est passé, avant nous ne parlions pas religion, nous vivions ensemble, simplement » regrette Sr Irénée.
©EGH
Elles ont vu passer tellement de vies, elles se les remémorent avec tant de détails. Dans ce couvent magnifique et décrépi, à l’image de la ville, les Filles de la Charité vous racontent les soubresauts de cette cité en creux. Elles ont accompagné presqu’un siècle de joies, de souffrances, de révolutions, d’espérance et de rire.
©Gaelle Houtard
Des chemins de terre envahis de touk-touks, de charrettes, de klaxons traversent continuellement la cité de 100 000 habitants. « C’est ici qu’est notre mission, dans la poussière et dans le bruit, avec et aux côtés des plus démunis. » confie Sr Nada devant son dispensaire.
©EGH
Chaque matin, dans cette cité connue pour ses tensions interreligieuses, Pierre, petit frère de Jésus installé ici depuis 20 ans, raconte que ses voisins, musulmans, lui déposent du pain frais devant la porte. Il est des cités austères qui se révèlent en délicatesse, en attention à l’autre, où on ne les attendait pas.
©EGH
Elle a changé de nom 4 fois, au gré des annexions. Multiculturelle, ses bâtiments affichent une étrange harmonie malgré les styles différents qui s’y sont succédés. De tout le pays, ils sont venus y trouver refuge depuis le début de la guerre. Ses habitants ont poussé les murs de leurs modestes appartements pour leur faire de la place et qu’ils se sentent chez eux.
©Magali Lucien
Il y a comme un parfum de légèreté, un air d’été, un orgue de barbarie, une insouciance. Pourtant les alarmes résonnent, contraignant les passants à se cacher. Les rives de la mer Noire sont condamnées, trop de mines y ont été jetées. Il est des cités assiégées qui résistent en chantant leur envie de vivre.
©EGH
Cité frontière, depuis 3 jours les réfugiés s’y pressent pour l’atteindre. De l’autre côté, ils ne parlent pas leur langue, mais comprennent d’instinct leur détresse. De toute la ville, ils apportent de la nourriture, des vêtements chauds, du réconfort, ils savent ce qu’ils fuient.
©EGH
Le palais épiscopal brûle en cette fin d’été 2018. Les flammes éclairent la cité d’une lumière terrifiante. Impuissant, les mains jointes, l’évêque gréco-catholique Mgr Virgil est livide. Confisqué par le régime soviétique pendant près de 70 ans, le palais venait d’être rendu à l’Église. Comme si, une nouvelle fois, cette Église martyre était réduite en cendres.
©EGH
Cela ne pouvait avoir lieu qu’ici, sur le Champ de la liberté, symbole de l’unité du peuple haque matin, dans cette cité connue pour ses tensions interreligieuses, Pierre, petit frère de Jésus installé ici depuis 20 ans, raconte que ses voisins, musulmans, lui déposent du pain frais devant la porte. Il est des cités austères qui se révèlent en délicatesse, en attention à l’autre, où on ne les attendait pas.
©Mgr Cristian Crisan
Cité carrefour, multilingue, multiculturelle, phare de la Transylvanie, elle cache voire efface les traces de ce passé douloureux qui a voulu éradiquer sa culture gréco-catholique. Elle vit tournée vers l’Europe et imprégnée d’Orient. Ici l’Église des catacombes renaît à pleins poumons.
©EGH
Ils frôlent de leur main les pierres suintantes de la grotte. La ville a un goût de terre promise. Lorsque les chrétiens d’Orient, quels que soient leur rite, langue ou pays d’origine, passent devant le sanctuaire ou se réunissent dans la basilique, c’est une partie de leur souffrance et de leur espérance qu’ils déposent et nous partagent.
©J-M Gautier
En 1885, les Filles de la Charité s’installent ici pour y ouvrir un dispensaire. En découvrant des bébés abandonnés devant leur porte, elles transforment le dispensaire en orphelinat pour ces enfants « de la honte ». Depuis près de 140 ans, ou 2000 ans, la vocation de la « Crèche de la Sainte Famille » n’a pas changé.
©EGH
La sœur clarisse a presque l’âge du saint. En montrant la petite cabane où Charles de Foucauld vécut, elle commente, l’œil malicieux : il en avait fait de belles avant d’arriver ici ! C’est la vie cachée du Christ dans cette cité qui inspirera et guidera la vie de l’ermite, ce Dieu qui se cache sous les traits de l’humble ouvrier de Nazareth.
©DR
La ville se pare de blanc et de foulards colorés. Pendant deux jours, Timkat, qui célèbre à la fois le baptême de Jésus et l’Épiphanie, transforme la capitale en une fête solennelle et joyeuse. Les fidèles sont aspergés d’eau bénite, comme pour un deuxième baptême. Cette année la fête a un goût amer, celui de la guerre qui ravage le pays.
©EGH
Des femmes marchent, le port altier, leurs affaires hissées sur leur tête. Chaque jour, elles se rendent au Soudan voisin pour y récupérer des vivres. Leur tribu, les Nuers, n’a pas besoin de papiers d’identité, cette terre découpée arbitrairement est la leur, leur cité a la taille d’une région.
©EGH
Elle n’a presque rien d’oriental, la capitale est étrangement austère, soviétique presque. Son cœur palpitant n’est pas dans son architecture, il est dans ses ruelles dérobées, dans ses conversations cachées, dans cette révolte qui sourd constamment, dans ce qu’elle cache, dans ce qu’elle lutte.
©Anne-Estele Radenac
Fermée au reste du monde, elle est de ces cités que l’on fuit, malgré son charme suranné, ses bâtiments majestueux et son air balnéaire. D’elle, nous ne connaissons souvent que des clichés de cartes postales et les récits de ceux qui la quittent, de l’enfer de cette vie.
©Bertrand de Margerie
C’est une ville en soi. Avec ses quartiers, ses rues, ses histoires de voisinage. Elle regroupait pourtant ceux que les autres villes excluaient : les lépreux. Depuis 50 ans, des religieuses assuraient ici un service quotidien en vivant parmi eux, avec eux. Elle appartient désormais à l’État, et les sœurs ont été expulsées du pays.
©EGH
Ici repose saint Thomas, le fondateur de l’Église indienne, mort en martyr. L’Incrédule évangélisa la plaine de Ninive, puis la Perse avant de traverser les mers pour porter la bonne nouvelle au Kerala et dans le Tamil Nadu. C’est dans cette cité que le père Ceyrac mettra en acte pendant toute sa vie cette devise : tout ce qui n’est pas donné est perdu.
©The New Leader
Ils viennent remercier, rendre grâce, chaque année en août, parcourant parfois des centaines de kilomètres à pied. Ils sont chrétiens, mais aussi musulmans et hindous, à faire le chemin, tout d’orange vêtus, jusqu’aux pieds de Notre-Dame de la Bonne Santé, la Lourdes de l’Orient.
©The New Leader
Il est des lieux de mémoire qui saignent continuellement, dont la blessure est sans cesse ravivée. Surplombant la capitale, le mémorial du génocide arménien laisse planer sur la cité et ses habitants la menace, à chaque génération renouvelée, d’une disparition.
©EGH
Ils étaient partis dans le Haut-Karabakh après le séisme de 1988 a frappé la ville. Y avaient refait leur vie, construit une famille. La guerre de 2020 leur a tout pris une nouvelle fois. Ils sont revenus vivre ici, dans les préfabriqués construits à la hâte après le séisme. Tout perdre deux fois et continuer pourtant…
©EGH
Ils viennent de toutes les autres cités, frapper aux portes de l’Europe. Ils ont fui les camps, la violence, la guerre, les persécutions, l’impossibilité de vivre dans leur propre ville, qui parfois n’existe même plus. Ils sont dans cette ville comme sur un bateau, en transit, en espoir, en ligne d’horizon. Il n’y a plus de marche arrière.
©Isaure de la Guéronnière
Ils regardent leur cité depuis Stepanakert où ils se sont réfugiés, en contrebas. Cette ville n’est plus la leur. Elle appartient désormais à un autre peuple, qui l’a renommée. Son nouveau nom trône en lettres lumineuses sur la colline. Comme pour raviver quotidiennement la blessure de l’exil.
©EGH
Sœur Yoanna raconte l’histoire de sa communauté, les sœurs eucharistines, montrant des photos qui ont traversé le siècle précédent. Chassées par le régime communiste, elles ont malgré tout continué leur apostolat. Elle confie espérer rester dans cette cité, et cette mission « même si la seule chose dont on est sûr c’est celui qui est là-haut ».
©EGH
Une bande de terre, acculée contre la mer, sans autre échappatoire. Une prison à ciel ouvert à l’air iodé, sans ailleurs. On naît ici, on meurt ici. Il y reste une poignée de chrétiens, et pourtant trois écoles catholiques. « Nos écoles sont estimées parce qu’elles insistent sur les valeurs : la cohabitation, le partage, construire le même pays ensemble » (père Pietro Fellet).
©DR
Il faut des heures de pistes pour l’atteindre. Plus ancienne cité catholique d’Éthiopie, elle semble avoir échappé à l’emprise du temps. Depuis 2021, elle est coupée du monde, attaquée, bombardée, sans qu’aucune nouvelle ne parvienne de ses 900 habitants.
©EGH
La terre d’Israël et de Palestine est une terre sainte pour la moitié de l’humanité. Une terre de pèlerinage pour tous les fidèles dispersés dans les nations et qui affluent vers Jérusalem.
©EGH
jour 1 : Mossoul, Irak
Elle marche dans les ruines de Mossoul, après 3 ans de siège par Daesh. La ville est « libérée ». Sr Elishoua, petite sœur de Jésus, ne souhaite qu’une chose : revenir au plus vite s’installer ici avec sa communauté. Retrouver ses voisins musulmans. Retisser ce lien brisé. Vivre ensemble à nouveau.
©Aymeric Boncompagne
jour 2 : Qaraqosh, Irak
Tous les habitants ont dû la fuir, en une nuit, en août 2014. Depuis 2018, la cité se reconstruit peu à peu. Nombreux sont ceux qui ne sont pas revenus. En ce mois de mars 2021, ces rues si longtemps meurtries explosent de joie, de couleurs et de chants. Pour la première fois, un pape foule le sol irakien.
©Jean-Matthieu Gautier
jour 3 : Erbil, Irak
Partout des bâches, des tentes de fortune, des caravanes. La ville, et surtout ses alentours, accueille ces vies en transit, échappées de l’enfer. Les regards sont hagards, cette cité n’est pas la leur, tout leur est étranger, ils ne parlent pas la même langue. Ils pensent n’y être que de passage, ils y resteront 3 ans, dans des camps, hors de la vue de la cité.
©EGH
jour 4 : AlQosh, Irak
La ville a résisté. Depuis des siècles, le monastère qui la surplombe a été la cible d’attaques, les habitants se sont organisés pour faire face. Alors, une fois de plus, face à Daesh, la cité fera front pour repousser l’ennemi. Mais à trop se protéger, elle s’enferme un peu plus. Seuls les cœurs ouverts laissent encore entrer l’étranger.
©EGH
jour 5 : Alep, Syrie
Le toit de la cathédrale Saint-Élie s’est effondré. Comme le reste de la ville, où la plupart des bâtiments sont béants, ouverts à tous les vents. Malgré tout, quelques mois plus tard, la messe de Noël y sera célébrée pour la première fois après 4 ans de guerre. Il neige dans la cathédrale à chœur ouvert.
©Jean-Matthieu Gautier
jour 6 : Homs, Syrie
Cité martyre, bombardée, assiégée, ravagée. Il ne reste rien de ce quartier où Hala a grandi. Architecte, elle se dédie depuis 4 ans à reconstruire, maison après maison, cette rue qui l’a vue naître. « Pour retrouver le bonheur d’avant et la belle ville que j’ai connue enfant. » Certaines villes ne vivent plus que dans l’esprit de ceux qui les rêvent.
©EGH
jour 7 : Damas, Syrie
Sœur Jihanne a traversé la guerre en tenant son école à bout de bras, de forces. Jusqu’à ce qu’elle soit entièrement détruite. Alors, avec l’énergie qui lui restait, et le souvenir des enseignants et des élèves décédés sous les bombes, elle s’est battue pour la remettre debout et que les élèves reviennent. Sr Jihanne est à l’image de sa ville.
©EGH
jour 8 : Qaryatayn, Syrie
Le monastère a été rasé par Daesh puis détruit par l’armée, comme le reste de la ville. Depuis quelques mois, Deir Mar Elian est en cours de restauration. Les habitants commencent à revenir. Et, dans ce décor de fin du monde, résonne toujours le rire du père Jacques.
©EGH
jour 9 : Mar Moussa, Syrie
« Il faudrait des Mar Moussa dans toute la Syrie pour que les gens se réconcilient. Ici tout le monde est apaisé et accueilli » confie Nohad. La communauté est restée dans le monastère tout le temps de la guerre. Ici restent immuables la lumière, le silence et l’hospitalité, comme des phares dans le désert, comme une cité perdue et retrouvée.
©EGH
jour 10 : Beyrouth, Liban
Partout des éclats, de vie, de vitres, de pleurs, de colère. Partout dans la ville, le désespoir a explosé. Mais de tout le pays, les jeunes sont arrivés pour nettoyer la ville, leur capitale, leur ville lumière, un peu folle, excessive, contradictoire. Ramasser un à un les débris, balayer des montagnes de gravats. Pour la rendre à nouveau habitable.
©EGH
jour 11 : Tripoli, Liban
Prendre la mer pour aller de l’autre côté, là où d’autres cités pourront accueillir leur envie de vivre, de travailler, de mener une vie digne. L’autre côté parait tellement accessible, si proche, si enviable. Même s’ils savent le péril de la traversée. Tout tenter plutôt que rester ici.
©Aygline de Clinchamps
jour 12 : Harissa, Liban
La statue de la mère de Dieu surplombe le village, et tout le pays. Elle embrasse de son regard la Méditerranée et semble la protéger, elle, ceux qui s’y noient, ceux qui espèrent une vie meilleure en la traversant, les cités de départ et celles qu’on espère. Elle tend ses bras à tous.
©Jean-Matthieu Gautier
jour 13 : Le Caire, Égypte
Tentaculaire, polluée, envoûtante, miséreuse, mystérieuse, éblouissante, de bidonvilles en palais, de pyramides en chiffonniers. Elle accueille continuellement les paysans du sud du pays qui ne parviennent à survivre. Et concentre toutes les fractures du pays. « Nous nous demandons tous ce qui s’est passé, avant nous ne parlions pas religion, nous vivions ensemble, simplement » regrette Sr Irénée.
©EGH
jour 14 : Alexandrie, Égypte
Elles ont vu passer tellement de vies, elles se les remémorent avec tant de détails. Dans ce couvent magnifique et décrépi, à l’image de la ville, les Filles de la Charité vous racontent les soubresauts de cette cité en creux. Elles ont accompagné presqu’un siècle de joies, de souffrances, de révolutions, d’espérance et de rire.
©Gaelle Houtard
jour 15 : Qoussieh, Égypte
Des chemins de terre envahis de touk-touks, de charrettes, de klaxons traversent continuellement la cité de 100 000 habitants. « C’est ici qu’est notre mission, dans la poussière et dans le bruit, avec et aux côtés des plus démunis. » confie Sr Nada devant son dispensaire.
©EGH
jour 16 : Qena, Égypte
Chaque matin, dans cette cité connue pour ses tensions interreligieuses, Pierre, petit frère de Jésus installé ici depuis 20 ans, raconte que ses voisins, musulmans, lui déposent du pain frais devant la porte. Il est des cités austères qui se révèlent en délicatesse, en attention à l’autre, où on ne les attendait pas.
©EGH
jour 17 : Lviv, Ukraine
Elle a changé de nom 4 fois, au gré des annexions. Multiculturelle, ses bâtiments affichent une étrange harmonie malgré les styles différents qui s’y sont succédés. De tout le pays, ils sont venus y trouver refuge depuis le début de la guerre. Ses habitants ont poussé les murs de leurs modestes appartements pour leur faire de la place et qu’ils se sentent chez eux.
©Magali Lucien
jour 18 : Odessa, Ukraine
Il y a comme un parfum de légèreté, un air d’été, un orgue de barbarie, une insouciance. Pourtant les alarmes résonnent, contraignant les passants à se cacher. Les rives de la mer Noire sont condamnées, trop de mines y ont été jetées. Il est des cités assiégées qui résistent en chantant leur envie de vivre.
©EGH
jour 19 : Sighetu Marmației, Roumanie
Cité frontière, depuis 3 jours les réfugiés s’y pressent pour l’atteindre. De l’autre côté, ils ne parlent pas leur langue, mais comprennent d’instinct leur détresse. De toute la ville, ils apportent de la nourriture, des vêtements chauds, du réconfort, ils savent ce qu’ils fuient.
©EGH
jour 20 : Oradea, Roumanie
Le palais épiscopal brûle en cette fin d’été 2018. Les flammes éclairent la cité d’une lumière terrifiante. Impuissant, les mains jointes, l’évêque gréco-catholique Mgr Virgil est livide. Confisqué par le régime soviétique pendant près de 70 ans, le palais venait d’être rendu à l’Église. Comme si, une nouvelle fois, cette Église martyre était réduite en cendres.
©EGH
jour 21 : Blaj, Roumanie
Cela ne pouvait avoir lieu qu’ici, sur le Champ de la liberté, symbole de l’unité du peuple haque matin, dans cette cité connue pour ses tensions interreligieuses, Pierre, petit frère de Jésus installé ici depuis 20 ans, raconte que ses voisins, musulmans, lui déposent du pain frais devant la porte. Il est des cités austères qui se révèlent en délicatesse, en attention à l’autre, où on ne les attendait pas.
©Mgr Cristian Crisan
jour 22 : Cluj-Napoca, Roumanie
Cité carrefour, multilingue, multiculturelle, phare de la Transylvanie, elle cache voire efface les traces de ce passé douloureux qui a voulu éradiquer sa culture gréco-catholique. Elle vit tournée vers l’Europe et imprégnée d’Orient. Ici l’Église des catacombes renaît à pleins poumons.
©EGH
jour 23 : Lourdes, France
Ils frôlent de leur main les pierres suintantes de la grotte. La ville a un goût de terre promise. Lorsque les chrétiens d’Orient, quels que soient leur rite, langue ou pays d’origine, passent devant le sanctuaire ou se réunissent dans la basilique, c’est une partie de leur souffrance et de leur espérance qu’ils déposent et nous partagent.
©J-M Gautier
jour 24 : Bethléem, Terre Sainte
En 1885, les Filles de la Charité s’installent ici pour y ouvrir un dispensaire. En découvrant des bébés abandonnés devant leur porte, elles transforment le dispensaire en orphelinat pour ces enfants « de la honte ». Depuis près de 140 ans, ou 2000 ans, la vocation de la « Crèche de la Sainte Famille » n’a pas changé.
©EGH
jour 25 : Nazareth, Terre Sainte
La sœur clarisse a presque l’âge du saint. En montrant la petite cabane où Charles de Foucauld vécut, elle commente, l’œil malicieux : il en avait fait de belles avant d’arriver ici ! C’est la vie cachée du Christ dans cette cité qui inspirera et guidera la vie de l’ermite, ce Dieu qui se cache sous les traits de l’humble ouvrier de Nazareth.
©DR
jour 26 : Addis Abeba, Éthiopie
La ville se pare de blanc et de foulards colorés. Pendant deux jours, Timkat, qui célèbre à la fois le baptême de Jésus et l’Épiphanie, transforme la capitale en une fête solennelle et joyeuse. Les fidèles sont aspergés d’eau bénite, comme pour un deuxième baptême. Cette année la fête a un goût amer, celui de la guerre qui ravage le pays.
©EGH
jour 27 : Lare, Éthiopie
Des femmes marchent, le port altier, leurs affaires hissées sur leur tête. Chaque jour, elles se rendent au Soudan voisin pour y récupérer des vivres. Leur tribu, les Nuers, n’a pas besoin de papiers d’identité, cette terre découpée arbitrairement est la leur, leur cité a la taille d’une région.
©EGH
jour 28 : Téhéran, Iran
Elle n’a presque rien d’oriental, la capitale est étrangement austère, soviétique presque. Son cœur palpitant n’est pas dans son architecture, il est dans ses ruelles dérobées, dans ses conversations cachées, dans cette révolte qui sourd constamment, dans ce qu’elle cache, dans ce qu’elle lutte.
©Anne-Estele Radenac
jour 29 : Asmara, Érythrée
Fermée au reste du monde, elle est de ces cités que l’on fuit, malgré son charme suranné, ses bâtiments majestueux et son air balnéaire. D’elle, nous ne connaissons souvent que des clichés de cartes postales et les récits de ceux qui la quittent, de l’enfer de cette vie.
©Bertrand de Margerie
jour 30 : Tabriz, Iran
C’est une ville en soi. Avec ses quartiers, ses rues, ses histoires de voisinage. Elle regroupait pourtant ceux que les autres villes excluaient : les lépreux. Depuis 50 ans, des religieuses assuraient ici un service quotidien en vivant parmi eux, avec eux. Elle appartient désormais à l’État, et les sœurs ont été expulsées du pays.
©EGH
jour 31 : Chennai, Inde
Ici repose saint Thomas, le fondateur de l’Église indienne, mort en martyr. L’Incrédule évangélisa la plaine de Ninive, puis la Perse avant de traverser les mers pour porter la bonne nouvelle au Kerala et dans le Tamil Nadu. C’est dans cette cité que le père Ceyrac mettra en acte pendant toute sa vie cette devise : tout ce qui n’est pas donné est perdu.
©The New Leader
jour 32 : Velankanni, Inde
Ils viennent remercier, rendre grâce, chaque année en août, parcourant parfois des centaines de kilomètres à pied. Ils sont chrétiens, mais aussi musulmans et hindous, à faire le chemin, tout d’orange vêtus, jusqu’aux pieds de Notre-Dame de la Bonne Santé, la Lourdes de l’Orient.
©The New Leader
jour 33 : Erevan, Arménie
Il est des lieux de mémoire qui saignent continuellement, dont la blessure est sans cesse ravivée. Surplombant la capitale, le mémorial du génocide arménien laisse planer sur la cité et ses habitants la menace, à chaque génération renouvelée, d’une disparition.
©EGH
jour 34 : Gyumri, Arménie
Ils étaient partis dans le Haut-Karabakh après le séisme de 1988 a frappé la ville. Y avaient refait leur vie, construit une famille. La guerre de 2020 leur a tout pris une nouvelle fois. Ils sont revenus vivre ici, dans les préfabriqués construits à la hâte après le séisme. Tout perdre deux fois et continuer pourtant…
©EGH
jour 35 : Athènes, Grèce
Ils viennent de toutes les autres cités, frapper aux portes de l’Europe. Ils ont fui les camps, la violence, la guerre, les persécutions, l’impossibilité de vivre dans leur propre ville, qui parfois n’existe même plus. Ils sont dans cette ville comme sur un bateau, en transit, en espoir, en ligne d’horizon. Il n’y a plus de marche arrière.
©Isaure de la Guéronnière
jour 36 : Chouchi, Haut-Karabagh
Ils regardent leur cité depuis Stepanakert où ils se sont réfugiés, en contrebas. Cette ville n’est plus la leur. Elle appartient désormais à un autre peuple, qui l’a renommée. Son nouveau nom trône en lettres lumineuses sur la colline. Comme pour raviver quotidiennement la blessure de l’exil.
©EGH
jour 37 : Sofia, Bulgarie
Sœur Yoanna raconte l’histoire de sa communauté, les sœurs eucharistines, montrant des photos qui ont traversé le siècle précédent. Chassées par le régime communiste, elles ont malgré tout continué leur apostolat. Elle confie espérer rester dans cette cité, et cette mission « même si la seule chose dont on est sûr c’est celui qui est là-haut ».
©EGH
jour 38 : Gaza, Terre Sainte
Une bande de terre, acculée contre la mer, sans autre échappatoire. Une prison à ciel ouvert à l’air iodé, sans ailleurs. On naît ici, on meurt ici. Il y reste une poignée de chrétiens, et pourtant trois écoles catholiques. « Nos écoles sont estimées parce qu’elles insistent sur les valeurs : la cohabitation, le partage, construire le même pays ensemble » (père Pietro Fellet).
©DR
jour 39 : Alitena, Éthiopie
Il faut des heures de pistes pour l’atteindre. Plus ancienne cité catholique d’Éthiopie, elle semble avoir échappé à l’emprise du temps. Depuis 2021, elle est coupée du monde, attaquée, bombardée, sans qu’aucune nouvelle ne parvienne de ses 900 habitants.
©EGH
jour 40 : Jérusalem, Terre Sainte
La terre d’Israël et de Palestine est une terre sainte pour la moitié de l’humanité. Une terre de pèlerinage pour tous les fidèles dispersés dans les nations et qui affluent vers Jérusalem.
©EGH
jour9 : Mar Moussa, Syrie
jour13 : Le Caire, Égypte
jour14 : Alexandrie, Égypte
jour15 : Qoussieh, Égypte
jour19 : Sighetu Marmației, Roumanie
jour20 : Oradea, Roumanie
jour22 : Cluj-Napoca, Roumanie
jour24 : Bethléem, Terre Sainte
jour25 : Nazareth, Terre Sainte
jour26 : Addis Abeba, Éthiopie
jour29 : Asmara, Érythrée
jour32 : Velankanni, Inde
jour36 : Chouchi, Haut-Karabagh
jour38 : Gaza, Terre Sainte
jour38 : Alitena, Éthiopie
jour40 : Jérusalem, Terre Sainte